Les dérèglements d’habitudes alimentaires : qui est à risque ?

Le sport

Les sports, les entraîneurs et les parents ne causent pas de dérèglement d’habitudes alimentaires. Certains athlètes sont vulnérables à des dérèglements d’habitudes alimentaires. Les sports qui ont des exigences en termes de poids corporel, d’endurance et d’esthétique peuvent aussi augmenter les risques qu’un athlète développe un dérèglement d’habitudes alimentaires. Les dérèglements d’habitudes alimentaires peuvent être plus répandus dans :

  • les sports avec catégories de poids : boxe, lutte, arts martiaux, aviron, sports équestres, voile;
  • les sports d’endurance : course de longue distance, cyclisme, triathlon, natation, ski de fond;
  • les sports à composante esthétique : nage synchronisée, gymnastique, patinage artistique, danse, plongeon, meneuses de claques;
  • les sports (non jugés) à accent sur le physique : volley-ball (de plage ou en salle), tennis, saut à ski.

«La participation à un sport est un moyen facile de dissimuler un dérèglement d’habitudes alimentaires en raison d’une fausse idée qu’une perte de poids améliore la performance. On pense aussi que l’entraînement excessif est susceptible d’améliorer la performance de l’athlète. Ceci fait en sorte qu’il semble correcte qu’un athlète devienne obsédé par la minceur. »
(Thompson & Sherman (1993) Helping Athletes with Eating Disorders, Human Kinetics).

Le sexe

Selon les résultats de recherches, entre 15 et 62 % des athlètes féminines, dans une variété de disciplines sportives, sont aux prises avec un dérèglement d’habitudes alimentaires. En outre, une étude démontre que 83 % des athlètes masculins ne sont pas satisfaits de leur poids. Beaucoup de gens pensent que les troubles de l’alimentation sont un « problème de femmes »; toutefois, on diagnostique des troubles de l’alimentation et d’image corporelle chez de plus en plus d’hommes. Comme les femmes dans les médias sont devenues plus minces au cours des deux dernières décennies, les hommes sont devenus plus musclés et dotés d’un physique en forme de V. Comme l’image corporelle « idéale » a changé, il semble que les hommes, en particulier les adolescents et les jeunes adultes, éprouvent plus d’insatisfaction que jamais à propos de leur corps. De façon à atteindre cet idéal, de nombreux athlètes masculins tentent désespérément de modifier leur silhouette corporelle naturelle, à la fois pour l’apparence et pour tenter d’améliorer leurs performances.

Il existe toutefois un large consensus à l’effet que les troubles de l’alimentation chez les hommes sont cliniquement similaires, sinon identiques, aux troubles de l’alimentation chez les femmes.

Environ 10 % des personnes souffrant de troubles de l’alimentation qui consultent des professionnels de la santé mentale sont des hommes

Un sondage national réalisé auprès de 11 467 élèves de l’ordre secondaire et de 60 861 adultes a révélé les différences suivantes entre les sexes :

  • Chez les adultes, 38 % des femmes et 24 % des hommes tentaient de perdre du poids.
  • Chez les élèves de l’ordre secondaire, 44 % des filles et 15 % des garçons tentaient de perdre du poids.

Sur la base des résultats d’un questionnaire administré à 226 étudiants de l’ordre collégial (98 jeunes hommes et 128 jeunes femmes) concernant le poids, la silhouette corporelle, la diète et leur historique d’exercice physique, les auteurs ont constaté que 26 % des hommes et 48 % des femmes se décrivaient eux-mêmes comme ayant un excès de poids. Les femmes suivaient une diète pour perdre du poids alors que les hommes faisaient habituellement de l’exercice.

Tandis que des athlètes masculins souffrent effectivement d’anorexie et de boulimie, nombreux sont ceux qui estiment que leur poids est insuffisant et veulent gagner du poids et de la musculature de façon à avoir l’apparence de ce qu’ils croient qu’un homme ou un athlète « devrait » avoir l’air. Les hommes diffèrent également des femmes dans la mesure où leurs troubles de l’alimentation surviennent quand ils sont plus âgés et ils ont tendance à recourir davantage à un excès d’exercice, plutôt qu’aux vomissements et aux laxatifs, pour contrôler leur poids.

Bien que l’on puisse développer des troubles de l’alimentation pour nombreuses raisons, des athlètes masculins adoptent souvent ces comportements pour réduire la pression et l’anxiété qui proviennent de leur compétition. Le recours à l’alimentation et à l’exercice comme moyen d’affronter le stress peut avoir des résultats néfastes pour les athlètes et peut s’avérer plus commun qu’on ne le pense. Certains rapports de recherche ont démontré que 83 % des athlètes masculins ne sont pas satisfaits de leur poids actuel. De là l’hypothèse que les troubles de l’alimentation chez les athlètes masculins constituent possiblement un problème beaucoup plus grand que ce que les professionnels de la santé, les entraîneurs, les parents et les athlètes ont pu imaginer. 

  • Les préoccupations quant à l’image corporelle peuvent être d’importants indicateurs de troubles de l’alimentation chez les hommes. Wertheim et alii (1992) ont constaté que le désir d’être plus mince était un indicateur plus important de comportements de perte de poids que les variables psychologiques ou familiales, chez les adolescents, tant garçons que filles.
  • Kearney-Cooke et Steichen-Asch (1990) ont découvert que la silhouette corporelle préférée chez les hommes d’aujourd’hui qui ne sont pas aux prises avec des troubles de l’alimentation, était le corps en forme de V, tandis que le groupe aux prises avec des troubles de l’alimentation s’efforçait d’atteindre une silhouette « maigre, ferme, mince ». Les auteurs ont constaté que la plupart des hommes souffrant de troubles de l’alimentation ont fait mention de réactions négatives de la part de leurs pairs. Ils ont signalé être les derniers choisis au sein d’équipes sportives et ont souvent déclaré faire l’objet de moqueries à propos de leurs silhouettes, et ce, au moment où ils avaient le plus honte de leurs corps.