Fondamental 8

Enseignez l’adaptation par des moyens sains

Enseigner aux athlètes la gestion du stress, l’adaptation, les techniques de résolution de problème et l’affirmation de soi pour qu’ils ou elles soient capables de relever les défis avec des moyens positifs.

« Utilisons les sports pour inculquer chez une jeune fille que ses émotions et ses pensées ont de la valeur et de l’importance et qu’elles méritent d’être entendues. Nous devons lui enseigner à accepter son corps et à l’honorer comme le lieu où logent ses nombreux talents. C’est notre responsabilité d’adultes de montrer à nos filles comment transformer les obstacles en défis et de les aider à développer des moyens de réagir à la nervosité, la crainte et l’anxiété. »
–Dr. Caroline Silby

Jean, un excellent joueur de son équipe de soccer, a encore été victime d’une autre blessure – cette fois à un genou. Avec les matchs éliminatoires dans à peine six semaines et un minimum de trois mois de récupération prédit par ses médecins, Jean est très préoccupé de ne pas pouvoir jouer. Toutefois, quand quelqu’un lui demande comment il va, il dit qu’il va bien et que « ce n’est pas si pire ». Dans le passé, Jean a toujours tenté de revenir au jeu trop tôt à la suite de blessures, en disant qu’il déteste ne pas pouvoir être sur le terrain avec son équipe et qu’il se sent comme s’il laissait tomber tout le monde. Il ajoute qu’« une partie de lui-même va toujours être victime de blessure, alors quelle différence y a-t-il à jouer ? » Les entraîneurs de Jean sont préoccupés. Ils savent que s’ils lui permettent de revenir au jeu trop tôt, il court le risque d’une blessure encore plus sérieuse, mais il se sent juste misérable d’être cloué au banc et il insiste pour jouer. Que peuvent-ils faire ?

La connexion CorpSensé : la boucle de pression

(Adapté de l’ouvrage de la Dr Caroline Silby, Games Girls Play)

Une athlète consciencieuse peut éprouver des difficultés à accepter les blessures et à y faire face de façon positive. Elle peut nier la gravité de la blessure, ignorer la douleur, avoir peu confiance en sa capacité de guérir ou perdre de vue les conséquences à long terme de jouer blessée. Être aux prises avec une blessure peut signifier ne pas être en mesure de jouer. Être tenu à l’écart de son sport peut avoir un impact significatif sur les sentiments d’estime de soi d’un athlète. Un athlète qui ignore les signaux de son corps pour la douleur, la faim, la fatigue et la crainte et qui s’investit de façon excessive dans son sport peut être à risque d’un dérèglement d’habitudes alimentaires.

Une bonne façon de faire prendre à une athlète le contrôle de son expérience sportive, c’est de lui enseigner quels aspects de la performance sportive elle peut contrôler (facteurs internes) et lesquels échappent à son contrôle (facteurs externes). Une fois qu’une athlète a appris à identifier les facteurs internes qu’elle peut contrôler, elle peut les utiliser pour faire face aux facteurs externes qui pourraient l’affecter négativement quand survient un changement ou un événement stressant.

La boucle de pression

FACTEURS INTERNES
préparation, pensées, objectifs, langage corporel, concentration, effort, perceptions, réactions, émotions, images
FACTEURS EXTERNES
auditoire, compétitions, entraîneurs, juges, placement, blessure/maladie, conditions de l’aréna/du terrain/du gymnase, horaire de la compétition, parents, équipement, amis, chute/gâchis

Voici un exemple de la boucle de pression en action :

Un joueur de volleyball qui s’inquiète que son entraîneur le retire du jeu s'il commet une erreur sera très distrait quand il joue. Cette inquiétude peut de fait l'amener à commettre une erreur et entraîner son retrait du jeu par son entraîneur, ce qui aura pour effet de confirmer ses pires craintes. Toutefois, ni l'une ni l’autre de ces choses – commettre une erreur ou les actions de son entraîneur – ne sont sous son contrôle.

Pour être à son meilleur, une athlète doit apprendre comment déplacer le centre de son attention. Avant la prochaine partie, elle devrait tenter de rester calme et se concentrer sur les facteurs internes qui aidera sa performance, comme les techniques qu’elle veut exécuter ou comment elle réagira aux erreurs quand elles se produiront pendant la partie.

Ce que les entraîneurs et les parents peuvent faire :

Faites preuve de techniques d’adaptation saines dans votre propre vie. Examinez comment vous affrontez le stress, le changement, les émotions et les conflits dans votre vie. Vous attaquez-vous aux problèmes directement ou les évitez-vous et vous en détournez-vous ? Dépensez-vous du temps à vous vexer pour des choses qui sont hors de votre contrôle ? Avez-vous des mécanismes d’adaptation qui sont efficaces pour vous sans faire de tort à votre corps ?

Laissez savoir à l’athlète que ses émotions et ses problèmes sont importants. Soyez à l’écoute de ses émotions. Accorder de la valeur à ce qu’il dit en l’écoutant (établissez un contact visuel, interrompez ce que vous êtes en train de faire, paraphrasez ce qu’il vous a dit, réagissez de façon appropriée à ses émotions). Rappelez-vous que vous pouvez être d’un grand secours sans être d’accord avec quelqu’un.

Lignes d’action :

Évitez de tenter de résoudre les problèmes d’une athlète. Si une solution doit vraiment fonctionner (et si l’athlète est pour apprendre des techniques pour résoudre ses problèmes futurs), cette solution doit venir d’elle. Soutenez-la dans sa recherche de solution, offrez-lui des ressources possibles et aidez-la à clarifier ses désirs et ses besoins en lui posant des questions qui maintiennent l’attention sur elle.

Aidez un athlète à se fixer des objectifs stimulants mais réalistes et à être en compétition avec lui-même. Créez l’occasion, sur une base quotidienne, hebdomadaire ou mensuelle, pour les athlètes de noter leurs objectifs et les mesures qu’ils peuvent prendre pour les atteindre. Encouragez chaque athlète à être à l’écoute des forces et des aptitudes de son propre corps quand il établit ces objectifs.

Fournissez à vos athlètes une perspective. Quand une athlète vous aborde avec un problème ou une préoccupation, vérifiez comment elle se sent. Mettez en évidence un élément positif à propos de sa situation pour l’aider à la mettre en perspective. Bientôt elle sera en mesure de voir comment de soi-disant échecs contribuent à sa réussite en tant qu’athlète et comme personne.

Assurez-vous que les athlètes blessés bénéficient du repos et des soins dont ils ont besoin. Seul un médecin peut diagnostiquer la gravité d’une blessure. Si un athlète doit s’absenter du jeu pour récupérer pleinement, aidez-le à trouver des moyens positifs de s’adapter au fait de ne pouvoir jouer. Aller chercher les ressources appropriées à sa blessure, fixer des objectifs de récupération, utiliser l’imagerie mentale pour aider à la guérison et trouver des moyens de demeurer impliqué au sein de l’équipe, voilà autant d’outils auxquels les athlètes peuvent avoir recours pour faire face positivement à une blessure.